Que ce soit de manière discrète ou sous le feu des projecteurs, les collectivités territoriales rencontrent de nombreux défis. Ces défis sont des conséquences des mutations du monde actuel, que ce soient ses crises conjoncturelles ou ses tendances de fond. 

Collectivités territoriales : toujours plus de compétences, toujours moins de budget 

budget amputée des collectivités territoriales

Les compétences des collectivités ne cessent d’être revues et questionnées, au sein d’un « mille-feuille » territorial souvent décrié par l’opinion publique. Mais indispensable à la poursuite des missions de service public.

Le sens des réformes varie selon les colorations politiques des gouvernements et législations, mais la nécessaire adaptation des premiers concernés (les collectivités) est une constante.

Certaines collectivités (Régions, Métropoles) voient leurs prérogatives et leurs budgets augmenter. Parfois par effet d’aubaine (exemple : budgets du Plan d’investissement dans les Compétences – PIC – pour les Régions et leurs compétences sur la formation professionnelle), tandis que les Départements et les communes ont pu voir leurs missions questionnées. 

Brutalement rattrapées par la conjoncture en 2022, les collectivités sont confrontées, comme l’ensemble des agents de l’économie, à la flambée des prix des matières premières et de l’énergie. Rappelant à chacun la fragile équation financière dans laquelle elles se trouvent.

L’inflation et la hausse du coût de l’énergie impactent négativement la capacité d’action des collectivités, déjà amputée par une baisse de leurs ressources propres non compensée par la dotation globale de fonctionnement des collectivités financée par l’Etat. Dont le budget est stable depuis 2018 (26,6 milliards d’euros, représentant 12 à 20 % selon les collectivités).

Depuis 2014, les collectivités ont ainsi vu leurs recettes amputées de 46 milliards d’euros. Tandis que leurs charges de fonctionnement ont explosé, notamment en 2022. 

Multiplier les modes d’action et diversifier les modes de gestion

L’enjeu de rationalisation des ressources dans un contexte où les revenus se contractent et où les charges augmentent met les décideurs publics, leurs managers et leurs agents face à des choix de gestion, incluant une revue des priorités et parfois de vrais sacrifices.

Face à la quasi-disparition de la taxe d’habitation, les communes sont ainsi face au choix parfois douloureux d’actionner le levier de la taxe foncière, pour pérenniser les moyens de leurs politiques. Cela alors même que les citoyens et les usagers demandent toujours plus de comptes sur le sens et l’efficacité de l’action publique. 

Au cœur de cet équilibre délicat entre efficacité de l’action publique et optimisation des ressources, les choix des modes de gestion du service public sont sans cesse élargis par innovation législative et réglementaires.

Au cours des dernières décennies, les collectivités ont vu leurs possibilités élargies : Partenariats publics-privés (PPP), sociétés d’économie mixte (Sem), sociétés d’économie mixte à opération unique (SemOp). La multiplicité des modes de gestion nécessite pour les agents des collectivités, et notamment leurs managers, de s’adapter à l’évolution de leur environnement (écosystème), et de maîtriser les enjeux juridiques et économiques de ces modes de gestion.

L’enrichissement constant des modes de gestion interpelle également la gouvernance des collectivités, et leur capacité à se structurer en projets au service des politiques menées.

Mener de front d’ambitieux projets de transformations sociétaux

Devant les enjeux économiques et environnementaux, certaines collectivités, de plus en plus nombreuses, décident de reprendre les réseaux et infrastructures en gestion directe / enjeu à l’heure actuelle face à l’envolée des coûts de l’énergie. 

Pourtant, les collectivités mènent de front d’ambitieux projets de transformation nécessaires pour adapter la société au monde qui vient. Au plus proche des citoyens, des usagers et des territoires, les collectivités sont au centre du jeu politique, administratif, économique et sociétal.

Garants de la solidarité dans les territoires, motrices dans la transition environnementale, et impulseurs de dynamiques économiques, les collectivités tiennent une place forte dans le paysage institutionnel français.

Elles sont également les grands témoins des évolutions sociales à l’œuvre, marquées par une précarisation parfois accrue des publics et une « violence sociale » que peuvent se prendre de plein fouet certains agents publics. Notamment dans le secteur social. 

Mettre en place les Zones à Faibles Emissions (ZFE) : une gageure 

Au titre des grands enjeux, réussir et financer la transition écologique, notamment sur son volet énergétique, est une gageure. Nombreux sont les aspects : rénovation thermique des bâtiments (bâtiments administratifs, écoles, infrastructures culturelles et sportives…), acquisition de l’énergie, mise en place des zones à faibles émissions (ZFE). 

L’obligation de conformité réglementaire pèse sur les collectivités comme sur les autres agents économiques.

La mise en œuvre du règlement général sur la protection des données à caractère personnel (RGPD), souvent liée à la question de la cybersécurité pour laquelle les collectivités sont trop souvent mises à l’épreuve, est depuis 2018 un chantier en soit. 

Marque employeur : les collectivités territoriales aussi sont concernées 

Les défis RH sont également nombreux. La tendance à la contractualisation accrue des agents de service public est continue. La baisse du nombre de fonctionnaires est une tendance lourde dans le sillage de la Révisions générale des politiques publiques remplacée en 2012 par la modernisation de l’action publique. 

Les collectivités s’inspirent de la gestion et du management privés. La transformation des cultures et des pratiques managériales est un enjeu fort. Et les collectivités redoublent d’ingéniosité pour redynamiser leurs organisations et modes de fonctionnement internes. Tout aussi afin de donner d’elles-mêmes une image moderne et agile. 

Trouver et fidéliser les talents, notamment dans les territoires les moins attractifs ou les plus périphériques, est un enjeu croissant. 

Le management public, levier de transformation

Les projets d’administration, projets de service, rénovations des pratiques managériales (incluant les approches en vogue : management 3.0, management libérée, management agile, etc.) font florès. Parfois pour réconcilier les agents et leurs employeurs publics, souvent pour décupler les potentialités d’action. 

Au cœur de cet environnement et de ses transformations, les managers occupent une place première et vitale à la mise en œuvre des missions des collectivités. Organisateurs, facilitateurs, animateurs de changement… les managers décuplent leurs « casquettes ». Tout en ayant la charge de la gestion RH de leurs agents, prépondérante. 

Adresser des formations à ces managers publics est donc à la fois un enjeu de bonne gestion et de transformation. Apporter des savoir, savoir-faire et savoir-être par le développement des compétences permet de les mettre dans les meilleures conditions pour exercer leurs missions. Au service de leurs collectivités d’appartenance. 

Aymon WESTPHAL.

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