Dans ce nouvel article de blog, notre consultant et formateur expert en innovation Guillaume DECHAMBENOIT, nous parle de son expérience dans les rues de Paris, qui a consisté à marcher tout en travaillant. Vous avez peut-être entendu parler du walking desk, qui nous vient des États-Unis, et qui fait le bonheur des entreprises françaises depuis quelques années. Ici, Guillaume se livre à l’exercice en format immersif et itinérant… Bonne lecture !
L’EXPÉRIENCE DU TRAVAIL PRODUCTIF EN MARCHANT.
J’ai récemment eu l’occasion de faire une petite expérience.
Je finissais une intervention sur Paris et j’avais une heure et demie avant une autre intervention. Qu’est-ce qu’on peut faire en une heure et demie ? En vrai beaucoup de choses mais pas tant que cela. Lors de mes passages dans la capitale, j’ai pris autant que possible l’habitude de marcher au lieu de me noyer dans la foule d’un métro parfois surchargé.
Mais mon emploi du temps n’était pas vide pendant cette heure et demie. J’avais quelques sessions de production de prévues, des réponses à des mails à traiter, et un appel téléphonique à réaliser. Deux possibilités s’offraient à moi.
✴️ La première : me trouver un bar pour travailler, pour ensuite prendre les transports en commun vers mon prochain lieu de rendez-vous, mais l’environnement des coffee shop n’est jamais vraiment adéquat pour passer un coup de téléphone.
✴️ J’ai donc opté pour une seconde option, qui était de marcher et de travailler en même temps. Nous passons déjà beaucoup de temps sur nos téléphones. Ce n’est pas un jugement, c’est un fait. En tout cas pour ma part. Je m’étais déjà fait la réflexion de savoir si c’était possible, c’était le moment d’expérimenter.
IMPULSER LES PREMIÈRES ACTIONS PENDANT LA MARCHE
Première action : planifier mon trajet vers mon point d’arrivée, histoire de ne pas trop me perdre en chemin. Surtout quand le sens de l’orientation se raréfie, justement dû à un usage trop excessif du GPS.
Deuxième action : choisir une playlist permettant concentration et rythme. Je vous conseille des playlists qui proposent « de la musique classique électronique ». Sur Apple Music, elle s’appelle « classictronique ».
Les premiers pas engagés, je commence par la réponse aux emails en standby. Pour la lecture, aucun problème.
Pour la réponse, c’était un peu plus corsé. Là où notre système nerveux nous permet de facilement écouter ou de lire en marchant, écrire une réponse argumentée est un peu plus complexe. Je commence donc à dresser une liste des points qui doivent apparaître dans ma réponse. C’est en début de rédaction que je réaperçois ce bouton oublié sur mon clavier : le symbole du microphone. « Lightbulb! ».
Après ce simple « click », les mots s’affichent comme par magie au fur et à mesure que je les dicte. Le seul bémol est que nous n’écrivons pas des mails comme nous parlons, surtout pour une réponse dans un cadre professionnel. Mais après quelques retouches sur le mail, j’avoue que cela m’a bien aidé et m’a permis de continuer à faire cette tâche sans vraiment lever la tête de mon écran.
Globalement c’est un des gros points noirs de cette expérimentation : Marcher la tête baissée sur un rectangle lumineux.
PRODUIRE TOUT EN MARCHANT : ENTRE EFFICACITÉ ET DÉTENTE
Une fois les réponses à mes deux emails effectuées, je pouvais passer à la partie production.
L’objectif était de préparer une conférence et je devais lancer le travail préparatoire afin d’avoir mon plan. Pour cette étape, j’avais déjà mon idée en tête : utiliser ChatGPT.
J’avais toute une batterie d’idée en tête pour cette intervention, alors je lui ai écrit un bon gros pavé d’informations désorganisé et lui ai demandé d’y mettre de l’ordre. De me structurer un plan. Là encore, après quelques échanges pour lui demander de corriger et d’approfondir certains points, j’ai rapidement pu effectuer mon travail préparatoire en marchant.
L’étape d’après était la composition graphique de ma présentation, mais je vous avoue que l’idée de faire du graphisme en marchant ne m’a pas traversé l’esprit. D’abord, faire du graphisme sur téléphone est faisable mais laborieux, alors en marchant, non merci.
Pas de surprise sur cette partie, j’avoue que ces nouveaux corps d’outils génératifs sont un bon support à la production, peu importe où vous êtes.
APRÈS LA MARCHE, LE TRAVAIL AU CALME.
Troisième action : mon call. Fatigué d’être les yeux sur l’écran, je décide de changer un peu mon fusil d’épaule et d’essayer de trouver un parc un peu calme.
Paris est une ville en travaux, donc pas facile de trouver ce saint-graal, mais j’en trouve un plutôt pas mal, et en plus sans aire de jeux pour les enfants afin de garantir un synonyme de « calme phonique ».
Assis sur un de ces bancs publics mentionnés par Georges Brassens, je lance ma conférence. Après avoir dit bonjour à mes interlocuteurs avec ma caméra, je la coupe ainsi que le micro afin d’utiliser mon téléphone pour prendre des notes.
Je réactive le micro lors de mes interventions et continue à suivre la conversation. Rien de bien surprenant ici, à part un problème de micro sur mes écouteurs qui compliquait l’entendement. Il est assez facile de prendre des conversations en extérieur.
Je n’étais plus très loin de mon point d’arrivée, j’étais même en avance sur mon heure de rendez-vous. J’ai donc pris la décision de faire une forme de pause. Écouteur, musique et exercice d’observation active.
En d’autres termes, vous regardez tous les éléments de votre environnement et vous vous faites des remarques dans votre tête, notamment des « tiens ils sont marrants ces deux pigeons » ou des « pourquoi est-ce qu’il y a une glace par terre ? ». Observez les objets, les formes, les couleurs, les comportements sans objectif autre que d’observer et de laisser ces stimuli activer le courant de votre pensée.
Cet exercice est conçu pour stimuler, imagination, inspiration et déduction. Bref, ce fut la dernière partie avant de clôturer cette expérience et de rentrer en atelier.
PREMIER BILAN DE L’EXPÉRIENCE DE MARCHE PROUCTIVE
Résultat des courses ? Cette session fut moins « galère » que ce que j’ai pu imaginé. Avec l’ajout de pause régulière, j’aurais même pu dire que cela fut assez agréable.
Nous avons aujourd’hui toute une panoplie d’outils et de fonctions qui nous permettent de faciliter ce mode de travail « nomade ». En contrepartie, il existe plusieurs limitations.
D’abord matérielles. J’ai un petit téléphone et des écouteurs sans réduction de bruit. Ce type de session aurait demandé un téléphone avec un plus gros écran et des écouteurs de meilleure qualité pour augmenter le confort de travail.
La seconde limitation est sur les croyances. D’abord, ce n’est pas une raison d’encore plus se noyer dans le travail. Marcher sans rien faire ou juste discuter pour discuter est aussi fortement conseillé. Le propos ici est de dire, plutôt que de faire une session de travail enfermé, assis devant un ordinateur, si l’ensemble de tâche est compatible, et bien peut-être que le fait de sortir le faire dehors en marchant est plus sain.
Derrière il faut que le management accepte ce type de pratique et les encourage afin que le collaborateur se donne la liberté de le faire. On pourrait très bien transposer cette mécanique pour des réunions en petits groupes.
Prochaine expérimentation au sein de Kanyon Consulting ? :p
Guillaume DECHAMBENOIT.